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Quelques jours au Japon - 5 - La pépinière shohin Yorozu-en

Écrit par matt

Après la visite de la Kokufu, nous voilà partis vers la pépinière pépinière shohin Yorozu-en. Makoto m'explique qu'elle est à une bonne heure de route. Et même si j'ai fait une orgie d'arbres, je commence à avoir une faim de loup. On roule, on parcourt des échangeurs, puis on arrive dans une zone périrubaine, Makoto m'explique qu'il a bossé toute la journée, la veille, pourtant fête nationale, pour avoir sa journée libre aujourd'hui. Il passe du temps à faire des marchés de livre d'occasion, pour dénicher des merveilles. Des catalogues Kokufu, des Sakufu, des Satsuki Festival, etc...

Au bout d'un moment, il me propose de nous arrêter pour déjeuner. Je lui fais comprendre que je ne suis pas difficile, et que j'ai adoré ce que j'ai goûté de la cuisine japonaise. Il s'arrête alors sur le parking d'un restau, qui ressemble à une chaîne, peut-être l'équivalent nippon de Buffalo Grill, me dis-je. Mais une fois entré, je suis rassuré, un décor tout en bois, des serveuses affables et efficaces, le thé arrive, et la serviette chaude. Je parcours le menu, enfin les photos du menu avec curiosité. Je suis prêt à suivre Makoto, n'ayant pas beaucoup d'initiative sur ce coup là. On regarde un plat. Il me dit que c'est de l'anguille. Je dis banco. Et on s'est vraiment régalés. Avec du riz, des sortes de radis bleus, et une soupe miso.

On quitte le restau, et on se rend compte qu'il est 14h30. On va arriver tard, me dit Makoto. La pépinière ferme à 18H, mais il arrive que M. Fukano, le patron, parte vers 16H00.

On arrive enfin...

Nous arrêtons donc la voiture devant les grilles de Yorozu-en. Je reconnais, pour avoir tant regardé les photos de Coco12 sur le forum.

Mais il y était au printemps, et là, c'est encore l'hiver. Les tables sont recouvertes de tunnels aux bâches de plastique. Il ne s'agit pas de prendre des risques avec les fragiles ramifications des shohin.

4 tunnels successifs sur la gauche. A droite, une remise aux portes en PVC transparent, avec des arbres à bien protéger. Derrière, le studio. Je souris en découvrant l'endroit, déjà aperçu en photos.

On entre. Le sol du studio est en terre battue. Je trouve cela très étrange. La terre est sèche. Je me dis qu'en France, un sol en terre battue en hiver serait humide et boueux. Ici non. L'hiver est sec au Japon. Il y a une table basse, encombrée, un poêle au milieu de la pièce, des chaises, et des tables tournantes, pour travailler. Le long du mur, devant l'entrée, un long buffet sur lequel sont exposés quelques très beaux arbres. Deux palmatum au tronc pâle, deux prunus, dont l'un est en fleurs, un chojubai (cognassier aux fleurs rouges), un pin, un genévrier. Tous ces arbres, sauf le prunus en fleurs, font moins de 20 cm. Quelle densité. Quelle finesse ! Le shohin est un monde à part, on le sent ici, non seulement par la taille, mais par l'impression que doit donner l'arbre : compact, puissant, dense. Des palmatum aux branches fines et courtes. Un exploit de culture !

Il y a dans la pièce trois personnes : M. FUKANO, le patron, son fils, Ayumu, et un apprenti, Atsushi. Ce dernier travaille sur un hinoki (Chamaecyparis), alors que M. Fukano et son fils nous accueillent, et nous offrent un thé. J'offre quelques exemplaires de Bonsai Focus à mes hôtes, qui le feuillètent avec curiosité. Bien sûr, ils y reconnaissent quelques célébrités japonaises (Hiromi Tsukada, Yukio Hirose, etc...). Je ne sais pas ce qu'ils en disent. Si c'est de l'admiration ou des plaisanteries. Ils s'amusent aussi à retrouver les arbres de leurs clients dans des photos de la Kokufu de l'année passée.

Malheureusement, ils ne parlent pas anglais. C'est assez frustrant, car j'ai bien envie de leur poser plein d questions de culture. J'observe la pièce. De très nombreux pots de très grande valeur peuplent les étagères en hauteur. On m'explique qu'ils sont souvent loués pour des expos.

Atsushi l'apprenti, parle anglais, et me traduit un peu ce qui se dit. Ils ont en ce moment plusieurs arbres de leurs clients exposés à la Kokufu. Je comprends bien sûr que ce sont eux qui les ont préparés.

Nous allons ensuite faire un tour dans les tunnels : un est réservé aux pins. Pins noirs d'un côté, pentaphylla de l'autre. Des merveilles. Des boules de force. Sur des troncs trapus, à l'écorce écailleuse. Je vois que les premiers prix semblent être autour de 50 000 yen.

Il faut se baisser pour apercevoir les troncs. Du dessus, ils ressemblent tous à des hérissons verts...

Les trois autres serres sont réservées aux feuillus. Shohin, mais il y a aussi quelques chuhin. Beaucoup de Buerger, des palmatum, des ilex serrata ; mais aussi pas mal de Prunus mume, ou de pseudocydonia.