Bonjour à tous,
je me permets d'intervenir pour vous faire part de ma petite expérience de culture des pins dans une région plutôt froide. J'ai cultivé mes bonsai pendant 4 ans dans la vallée de Chamonix à 1100m d'altitude. L'hiver y est donc non seulement froid mais aussi long. Pour donner un exemple, l'année dernière, la neige est arrivée début novembre, elle a vraiment tenue mi novembre avec une température qui descendait la nuit vers -10°c regulièrement. Il y a eu des pointes à -20°c en décembre et en janvier avec presque pas de redoux. Enfin, il a bien regelé en journée (et c'est très courant) autour du week end de Pâques.
L'année dernière, j'ai decidé de prendre quelques risques:
- aucune protection pour mes kusamonos autre qu'un bon tas de neige sur la caisse qui les contenait: aucune perte a part un pot artisanal cassé.
- protection tres sommaire pour les feuillus (plastique à bulle), et eventuellement un rapatriement dans une cave à 2-3°c lors des pointes à -20°c (espèces: zelkovas, gingko, odc). J'ai perdu un odc de supermarché.
- aucune protection autre qu'un bon tas de neige poudreuse avant les grands froids pour les pins (mugos, crochets, pentaphylla), les melezes (kaempferii) et les epiceas (glehnii et abies), bonsai et plants de pepinieres, tous plutôt de petites tailles (entre shohin et petit chuhin). Je prenais soins d'épousseter cette neige quand elle commençait à se transformer (durcir) pour ne pas détruire des branches et arracher des aiguilles. Inutile de vous dire que les mottes sont restées gelées un certain temps... J'ai perdu un jeune plant de kaempferii et un pentaphylla (pour celui-ci, plus que le froid, c'est un substrat d'importation dégueulasse qui est en cause, donc une mauvaise gestion de l'arrosage de ma part).
- j'ai un thumbergii qui est allé passer l'hiver dernier en region parisienne car il supportait vraiment mal le climat montagnard. Il va mieux et je l'ai récupéré depuis mon deménagement dans la region genevoise.
Je conclus de tout ça qu'en periode de dormance, les arbres n'ont que très peu de besoin en eau, que la neige protège mais très relativement (les mottes sont gelées), et plutôt seulement la partie aérienne (maintien d'une humidité et d'un froid constant). Il me semble que la période printanière est finalement plus délicate pour les pins car gare aux excès d'eau avant le réveil!
Enfin, quelques petites observations sur les pins à crochets à 2000m d'altitude: Beaucoup de ces arbres vivent dans des conditions très similaires à nos bonsai (racines encastrées dans des fissures ou des cuvettes naturelles dans la roche), leurs mottes sont regulièrement gelées dès le mois de septembre et en continu de décembre à avril grand minimum. La neige ne les protège pas toujours car elle est souvent soufflée par le vent sur les crètes. Ils supportent tout ça sans aucuns problèmes et les conditions à 2000m, c'est encore autre chose qu'à 1100m!
Ok, ce ne sont pas des sylvestres, mais il me semble que ces derniers supportent dans le massif central, les vosges ou en Europe de l'est, des conditions peut être pas aussi extrêmes mais plutôt très rudes eux aussi.
Pour finir, cette année, je me suis lancé dans une petite expérience: j'ai laissé 2 plants de pepinières d'uncinata sans aucune valeur à la montagne à 1100m. ils sont en substrat drainant dans des vilains pots en plastique. Ils vont passer tout l'hiver sans aucune protection, sur une terrasse, à l'ombre et donc en ce moment sous la neige. La motte est gelée depuis 3 semaine, il a fait -20°c vers le 20 décembre et c'est pas fini... On verra ce que ça va donner, mais je ne m'inquiète pas trop. En fonction du résultat, je serais plus serein (ou pas) les prochains hivers...
Dernières petite expérience, un peu hors sujet (désolé de polluer pbo...): je me suis amusé l'année dernière à semer des graines de Larix gmelinii et Pinus pumila, deux espèces d'arbres qui supportent des -60°c en Sibérie orientale, dans l'intention de leurs faires subir les frimas de la montagne. Pour l'instant, tout va bien pour ces petit plants, et il va sans dire que je n'ai pas l'intention de les protéger.