Ce que tu décris semble être dans l'ordre des choses, effectivement.
Je crois qu'il a dû se passer la mêm chose chez les japonais: pendant une longue époque, le bonsaï était réservé à une élite, c'était même une marque distinctive de noblesse dans la société nippone.
En aparté, le fait qu'on possède un bonsaï uniquement parce qu'on fait partie des seigneurs ne me plait pas du tout, évidemment.
Cependant, cette façon de voir contenait le prélèvement dans des critères de mesure numérique et qualitative limitant leur impact. Et puis la société a changé, est devenue celle de la consommation, oû tout le monde a droit à posséder n'importe quoi pourvu qu'il paye, sans plus d'états d'âme.
Alors les yamadoris sont devenus là-bas aussi des produits de consommation, et ont disparus, parce que c'est incompatible avec la pérennité de la ressource.
C'est pourtant vrai qu'un passionné résiste difficilement, comme moi, à l'attirance pour un bel arbre naturel: à ce stade, ce n'est pas encore de la consommation. Mais en prendre 5 par ans comme je l'entend dire des amateurs, c'est non. D'en prélève vingt ou trente au grand maximum dans une vie entière me semble raisonnable, et cela fait une collection qui demande ensuite vraiment beaucoup de boulot pour en faire des beaux sujets.
Ce qui m'agace le plus, c'est ces prélèvements d'arbres puissants coupés en rondelles pour qu'ils ressemblent tout de suite à des arbres du Kokufu... surtout avec l'angle bienveillant de la photo, sans lequel ils ne ressemblent à rien, en réalité.
A l'origine, la qualité d'un bel arbre, au Japon, yamadori ou autre, était qu'il ne présente aucune trace de coupe, encore moins de tronçonnage comme je le vois faire... On est loin du compte, et de pouvoir briller un jour au Kokufu, justement.
Cela dit, même les japonais ont complêtement déraillés, les Kimuras et autres dont je ne donne pas cher de la survie de leurs mise en forme, une fois prise la photo du résultat.
Quand au semis et au bouturage, on est pas vraiment armés, en Europe, de la patience qu'il a fallu aux japonais pour en faire les arbres qu'on leur connait. C'est un fait.