Bonjour
La première chose que je vous dirais, vous prélevez, votre système fonctionne, alors ne changez rien. Ensuite dans les prélèvements des pins l’on a forcement un pourcentage d’échec. Voilà le tout c’est de savoir à partir de quel pourcentage cela ne peut plus être acceptable. Ex : vous prélevez 5 pins vous en perdez trois, 60% il faut arrêter le yamadori et élever des poissons rouges, vous en perdez deux 40% c’est mieux, l’idéal étant de tourner entre 20 et 30% là on rentre dans le domaine de l’acceptable. Ma meilleure (ou la moins mauvaise) année a été 16% de perte.
Il faut aussi faire la différence entre, un bonsaï établi, un pré bonsaï, arbre de pépinière, un yamadori en culture donc repris, et le yamadori juste prélevé. Dans tous les cas nous avons des arbres avec racines, sauf pour le yamadori juste prélevé, qui lui est un arbre malade, handicapé, déraciné (aux niveau des racines, mais aussi environnement, climat etc.)
Les détails du reportage d’Alain sont très importants et c’est aussi ce qui fait baisser le pourcentage de perte. (conscient que des pertes il y en aura toujours, il y a tellement de facteurs incontrôlables, tel que la météo, que le facteur chance a aussi son mot à dire)
Je vais entreprendre la partie réponse aux questions, (je sens que ce fil va être long, précision oblige, donc désolé)
Le support de rempotage, sable à bâtir de chez le marchand de matériaux, sable qui a pour origine « les sablières des lacs de nos régions »
Le terreau « universel de chez fertiligène » sans osmocote
Pourquoi ce mélange (50%) qui va à l’encontre de tout ce que l’on entend dire dans le milieu du bonsaï où règne la loi du tout drainant.
Drainage pourquoi faire, pour éviter le pourridié des racines, bon on se rappelle que les racines y en a pas, on les a coupé sur le terrain, et surtout on a fait très attention à ne pas désolidariser la motte par rapport au tronc, aux quelques radicelles restantes et c’est ces dernières qui vont prendre le relais pendant environ un mois, le temps d’émettre des nouvelles radicelles au bout des racines coupées. (pas évident faut relire doucement pour percuter) donc j’ai une motte en argile, qui quand elle sèche, devient pratiquement impossible à réhydrater, donc sable avec terreau à forte rétention d’eau et ma motte reste humide, même par beau temps et s’il pleut le sable reste mouillé, mais sans risque, vous êtes tous allés chez un pépiniériste, les arbre en attente de vente racines coupées et placées en jauge sont dans quoi « du sable pur » c’est comme ça que j’ai trouvé la solution. Faites un essai prenez un seau de sable, percé le seau et arroser copieusement le surplus d’eau s’en va, le sable reste mouillé mais l’eau ne stagne pas ou très peu quelques minutes.
En ce qui concerne le nettoyage au jet, uniquement les bonsaïs établis ayant un système racinaire très dense.
Arrosage et fertilisation
Le soir du retour, les arbres sont placés sous une brumisation proche du brouillard, pendant plusieurs heures voir la nuit complète ceci pour éviter la déshydratation, problème principal, la déshydratation étant le premier facteur de mortalité chez le yamadori.
Suite au rempotage arrosage, (asperseurs aériens) s’il y a du soleil deux fois un demi-heure par jour sinon une demi-heure le soir pour que l’humidité persiste toute la nuit (encore en contre sens avec les bonsaïs établis)
Bien sur automatique, sinon ingérable.
Le lendemain du rempotage mes yamadoris reçoivent de l’engrais en foliaire et racinaire, pourquoi foliaire, toujours pareil, les racines sont restées en montagne donc si notre arbre handicapé ne peut absorber suffisamment d’éléments nutritifs par les racines il faut le faire en perfusion, par les aiguilles, ceci une fois par semaine pendant un mois (fertil océan)
En réalité c’est bien plus complexe encore, je mets en plus (super drive, OE 70, 10-52-10, et stabilise à la fin avec du 20-20-20) mais cela mérite un autre débat.
Les arbres prélevés, de ce reportage, ne pourront être garantis repris qu’au mois de juin 2012.
En ce qui concerne le choix des arbres sur le terrain, c’est difficilement explicable, sa position, le placement des branches surtout la première, la forme de son tronc, sont inclinaison, et puis le repérage d’été, qui lui est surtout fait pour le choix du support, argile roche, sable. Cette partie est surtout explicable sur le terrain face au sujet, car chaque sujet est différent et chaque prélèvement est donc adapté à l’arbre. (même si les grosses techniques de bases restent identiques) je le rappelle c’est dans le détail que se fait la différence. Voilà pas si long que ça tout compte fait.
J’oubliais l’outillage : Les scies pliantes, il en faut deux (des que vous aurez coupé une racine, avec la terre la scie est HS, donc il en faut une qui reste propre pour les branches. Les bêches deux aussi, fabrication maison elles ont un manche en fer et renforcé sur la partie base. Pourquoi deux bêches, la tranchée une fois terminée autour du yamadori, je travaille avec les deux bêches par triangulation pour connaître l’emplacement d’une éventuelle racine, de plus la surface du plat de la bêche étant multipliée par deux cela évite aussi d’éclater la motte. La pioche US manche fer, le poids ainsi que la longueur du manche, sont important. Le poignard fabrication maison (fait dans une vieille lame de suspension de camion) ce couteau me sert à diminuer la grosseur des mottes, (délicatement pour ne pas désolidariser la motte et l’arbre, surtout ne jamais le faire avec la pioche, les coups seraient mortels)
Le sécateur de grande taille pour couper les grosses racines souvent peu accessible avec la scie et aussi pour les branches. La toile et la corde élastique, mais Alain en a déjà parlé. J’ai aussi avec moi, une clé à porteur (genre de sac à dos de l’armée pour porter du bois) un brancard fait maison, une brouette fait maison (brouette normale sans moteur dans le centre de gravité se trouve au milieu, et adaptable roue, skie, brancard, système d’attache, traction, freins avant arrière, et depuis quelques années ma formidable brouette à moteur qui me permet d’aller plus loin dans la montagne, (aller plus loin n’est uniquement du au fait de trouver des terrains vierges avec des arbres uniques que personne ne peut ramener) c’est aussi le fait que (vu mon âge) si demain je ne peux plus prélever j’aurai suffisamment de stock de qualité pour pouvoir m’éclater dans mon hobby pendant au moins 20 ans. J’ai autant de plaisir à être sur le terrain pour prélever, que de travailler mes arbres, c’est quelque chose de très complémentaire. (Sans compter que la vision des arbres doit être entretenue)
Et pour finir, ma grosse inquiétude, ces arbres poussent dans des conditions extrêmes, terrain et altitude inadaptée, c’est pour cela qu’ils ont autant de caractère et de vécu, qu’ils expriment si bien par leur beauté unique. Avec le réchauffement climatique beaucoup sont déjà morts, et beaucoup mourant encore dans les décennies à venir. C’est un triste constat dont j’ai déjà été le témoin depuis quelques années. J’ose juste espérer que dame nature s’adaptera et qu’elle nous créera d’autres chefs d’œuvres dont elle seule a le secret.