Bonjour à tous,
si j'ai parlé de bannissement vis-à-vis de ce que j'ai fait à mon arbre dans mon précédent message, c'est parce que je sais bien que le début de l'été n'est pas la saison propice à des traumatismes racinaires, bien au contraire. Je vais vous raconter un peu ma vie pour que vous compreniez mieux ce que j'ai fait et qui, à vos yeux, constitue probablement une hérésie des plus graves.
Comme je vous l'avais expliqué précédemment, mes arbres sont installés dans une plate-bande de terreau (une bonne dizaine de centimètres d'épaisseur avec un film plastique dessous), chacun dans une coupelle plastique avec quelques petits trous pour un écoulement du surplus d'eau et, si besoin, une humidification de la motte par capillarité (les mottes sont par ailleurs légèrement enterrées). Le substrat utilisé est le même que celui de la plate-bande, du terreau donc. Ils sont entre le mur Nord de la maison et une haie d'hortensias. Cette implantation est quasiment identique à celle qu'ils avaient au domicile de ma mère et je sais que cette méthode, dans son ensemble, n'est pas du tout académique.
Mais je l'ai mise en place pour de bonnes raisons: je fonctionne ainsi depuis plus de dix ans, car c'est le seul système que j'avais trouvé pour "réguler" l'humidité du substrat de mes bonsaï lorsque, jeune étudiant, je quittais le domicile familial pour plusieurs mois, avec personne à la maison pour assurer un suivi régulier autre qu'un arrosage massif de loin en loin. Mes arbres ont été habitués à ce système depuis toujours, de même qu'à mes planning barbares au gré des vacances (rempotages parfois bien avant les derniers gels, aux vacances de février, parfois un peu trop tard dans la saison, aux vacances de Pâques, voire même (rarement) plus tard encore) et à mes coupes (très) agressives car prodiguées de manière insuffisamment fréquente. Ce système réussit bien à de nombreux feuillus (érables, chênes, savonnier, frêne, marronnier, lilas, cotoneaster) et certains rares conifères (ifs (super bien), épicéas, ginkgo). Cela convient beaucoup moins bien, voire pas du tout, à d'autres arbres, d'après mon expérience limitée, principalement les pins et les genévriers qui sont, sauf erreur de ma part, les deux genres de prédilection de nombreux bonsaïka.
Voilà, c'était long, peut-être inutile, je ne sais pas. Je ne tente pas de révolutionner le monde du bonsaï, mais je voulais juste vous expliquer ma méthode de "non-culture", qui a permis à mes arbres (pas tous, soyons honnêtes) de m'attendre plus de dix ans. Promis, dès que j'aurai plus de temps pour m'en occuper au quotidien (l'aîné de mes trois enfants à moins de cinq ans !), je rentrerai dans le rang !
Je me suis donc permis de démêler les racines autour du tronc, pour pouvoir arranger un peu le nébari, sans toutefois trop toucher aux racines et radicelles de la périphérie. J'en ai bien enlevé une certaine proportion, mais j'ai procédé de même au niveau des feuilles dans le but d'aider l'arbre à conserver un bilan hydrique favorable. J'ai procédé en laissant l'arbre posé sur un substrat humide, à l'ombre. L'arbre n'a été au soleil que le temps des photos, puis il est retourné dans sa coupelles les racines entourées de terreau humide. Au passage, je signale que je n'ai rapatrié mes arbres que récemment à mon domicile et que, entre leur installation chez moi il y a à un peu plus d'un mois et ce week-end où je suis allé les embêter à nouveau, tous ceux que j'ai "visités" ou maltraités comme l'épicéa ont produit une pousse racinaire massive malgré une forte canicule: ce sont des arbres robustes et habitués à souffrir (vous me direz que ce n'est pas une raison pour en rajouter et je suis d'accord).
Je terminerai en reprenant un message d'un membre du forum qui expliquait qu'un des maîtres italiens (Liporace si mes souvenirs sont bons) explique parfois que les règles existent pour qu'on réfléchisse à deux fois avant de les transgresser. C'est ce que j'ai fait et j'ai peut-être eu tort. L'avenir le dira mais au pire, ce sera une erreur dont je devrai seul assumer les conséquences.
J'espère que la longueur de ce message ne vous aura pas rebutés et qu'il aura incité ceux qui me détestaient déjà pour ma légèreté et mon manque de respect envers mes arbres à, peut-être, repenser leur jugement.
Voilà, j'ai donc agi de façon surprenante pour vous, mais pas de façon stupide (en tout cas je l'espère).
Bonne fin de week-end à tous !
sébastien