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Le buis

Texte et photos : François Gau (François 81)
Transcription de la conférence donnée les 9 et 10 mai 2009 à la Convention EDG à Carcassonne.

Description et habitat

On peut le trouver aussi dans des vallées profondes et humides exposées vers le nord, poussant dans des terres humifères très acides. Ces arbres vont coloniser de grandes étendues, et atteindront des hauteurs de trois à six mètres.

Dans les deux cas, le buis développe de puissantes racines qui vont l’ancrer au sol et lui permettre d’aller chercher l’eau en profondeur pendant les périodes de sécheresse. Mais il possède aussi en surface près du tronc un fin réseau de radicelles qui lui permettent de récolter les eaux de ruissellement. C’est grâce à ces radicelles de surface que le buis va reprendre facilement.

Certains spécimen peuvent présenter une écorce craquelée (en peau de serpent) mais généralement, le tronc et les branches sont fins et lisses, de couleur beige. C’est le seul point sur lequel le Buxus harlandii, son proche cousin asiatique possède un avantage.

Les petites feuilles ovales vert-foncé sont coriaces et persistantes. Elles restent sur l’arbre 2 à 3 ans avant de sécher et de tomber.

Prélèvement

Bien que d’autres périodes puissent être favorable au prélèvement, le meilleur moment reste tout de même pendant la floraison printanière.

Comme nous le ferions avec n’importe quelle autre espèce, on va creuser une tranchée tout autour de l’arbre et couper les racines au fur et à mesure. Il est possible qu’il soit nécessaire de creuser sous la motte afin de couper ou scier de grosses racines pivotantes. Nous aurons tout de même une motte compacte maintenue par le fin réseau de radicelles de surface.

De retour à la maison la motte sera travaillée une nouvelle fois afin qu’elle puisse rentrer ultérieurement dans un pot à bonsaï. Sans casser la motte il va falloir tailler à nouveau les pivots et grosses racines car l’arbre va émettre des radicelles sur les coupes. Pour cela il faut dégager délicatement ces grosses racines au plus profond de la motte et les rogner avec la pince concave (la plus grande aux lames arrondies).

Le tout sera planté dans un pot de culture de taille supérieure d’au moins 3 cm par rapport à la circonférence de la motte.

Selon le climat de la région où l’on habite et la disponibilité des substrats, on utilisera de la pouzzolane, de la pumice ou de l’akadama auquel on ajoutera un peu de tourbe blonde. La pouzzolane étant moins rétentrice que l’akadama nous mettrons davantage de tourbe. Personnellement je n’utilise plus d’akadama. A présent, tous mes substrats sont à base de pumice avec une partie infime de pouzzolane et d’akadama, car lorsque je rempote je ne jette pas mes substrats. Ils sont stockés, séchés, puis tamisés pour un réemploi ultérieur.

Enfin, je creuse de petits cratères en périphérie de la motte qui sont remplis d’engrais organique faiblement dosé. En se dégradant il va donner un peu de corps au mélange drainant et assurer la vie microbienne du substrat.

On dit qu’à partir de 5°C, le buis émet des racines. Une serre froide va lui faciliter la reprise. C’est le principe du sac en plastique : il faut mouiller l’intérieur de la serre et le feuillage chaque jour en veillant à ne pas trop arroser le substrat qui doit seulement rester humide.

Plus la température va s’élever et plus la brumisation sera répétée. Dès la mi-mars, le soleil peut faire monter les températures jusqu’à 30°C dans la serre. Il faut alors ouvrir partiellement la serre afin de ventiler et faire baisser la température. Il faut toutefois penser à la refermer pour conserver la chaleur pour la nuit.

Buis (Buxus sempervirens). Collection de l’auteur.

Au mois d’avril toutes les portes et ventilations seront ouvertes le jour et fermées la nuit. On continue l’arrosage ou la vaporisation. Les buis devraient alors avoir émis 6 à 8 feuilles et être prêts à sortir de serre. Il seront sortis et placés à l’ombre un jour sans soleil. Selon les régions, au-delà de cette date la température de la serre n’est plus gérable. Tous les buis seront sortis, même ceux qui n’ont pas fait de pousse. Il arrive parfois que le buis ne produise pas de pousse au printemps mais uniquement des racines.

La culture et la taille des arbres en formation

Il convient de faire une distinction entre les buis ayant un port buissonnant, et les arbres dont seule la base ou la souche nous intéresse. Le buis de jardinerie ne présente en général que peu d’intérêt pour le bonsaï.

Les buis buissonnants de type “Corbières”

Ces buis poussent sur des sols très secs et peuvent présenter des feuilles de couleur rouge orangée due au manque d’eau, ce qui est très rare en pot.

Au prélèvement, il faut supprimer toutes les branches inutiles pour la formation future et raccourcir celles qui sont trop longues. Toutes les branches taillées sans garder de tire sève ne bourgeonneront pas et mourront. Les rameaux poussent verticalement et laissent peu de lumière entrer au cœur des branches. Le buis va émettre une pousse à l’extrémité de chaque rameau.

Lors de la première mise en forme (mars ou début septembre), les rameaux seront mis à plat par la ligature comme une main ouverte. La dominance apicale est inhibée par les rameaux à l’horizontale, et la lumière arrivant sur toutes les feuilles va engendrer un bourgeonnement arrière sur les vieilles feuilles et même sur le bois nu.


Bourgeonnement arrière qui s’est produit sur une branche suite à la mise en forme.


Les buis construits à partir de souches ou d’arbres sciés

La souche fraîchement sciée va émettre une multitude de rejets et de gourmands à la base. Les gourmands seront éliminés au fur et à mesure qu’ils apparaissent. Dès que les pousses auront 3 à 4 cm de long, il faut faire une sélection pour conserver 5 ou 6 branches : droite, gauche, arrière, frontale, et cime.

Si nous ne faisons pas de sélection, tous ces petits rameaux pousseront de 8 à 10 cm. Lorsque la sélection est faite, les pousses restantes vont profiter de l’afflux de sève et atteindront jusqu’à 20 cm. Elles produiront deux à trois ramifications de part et d’autre de la branche. Au début septembre on taille les bourgeons apicaux et on ligature délicatement ces petits rameaux à plat.

Le buis est un arbre des plus rapides pour obtenir une ramification dense.


Rameau ramifié (1ere année de culture)

2ème année de culture


La culture et la taille des arbres matures

Au rempotage dans un pot à bonsaï, la motte sera débarrassée de toute sa terre d’origine à l’aide d’une baguette et d’un jet d’eau. La granulométrie du substrat sera plus importante si l’arbre doit pousser fortement. Pour 10 litres de pumice nous rajouterons dans le mélange un verre de gravier calcaire et selon la situation géographique, de 5 à 10% de tourbe. Si l’eau avec laquelle on arrose est très calcaire, l’adjonction de gravier n’est pas nécessaire. La zéolithe de part son fort pouvoir tampon semble donner entière satisfaction sans ajout de gravier calcaire.

L’arbre peut être fertilisé immédiatement avec de l’engrais organique dès la mi-février. Cet engrais sera remplacé lorsqu’il sera totalement dégradé. Le buis est gourmand. Il réagit très bien aux engrais chimiques fortement azotés lorsqu’il porte 4 à 6 feuilles.

En fin d’hiver, avant la pousse des feuilles, le buis va fleurir. Certaines branches peuvent porter une fleur à la base de chaque feuille. Le bourgeonnement y sera très mauvais, voire nul.

Un mois après, la branche retrouvera sa coloration d’origine. Fin mai, lorsque les températures vont avoisiner les 25°C, il va être temps d’installer l’arbre sous ombrière. Il sera tenu à l’ombre en juillet et en août. Les feuilles garderont ainsi leur brillante couleur vert-olive. Fin août, une taille courte à deux ou quatre feuilles va inciter le buis à produire des bourgeons à feuilles plutôt que des bourgeons à fleurs.


La défoliation, même en gardant des tire-sève en bout de rameau, ne donne pas satisfaction. L’arbre se bloque pour ne redémarrer que l’année d’après.

La couleur des vieilles feuilles virera au vert-gris, ce qui pourrait laisser supposer que la branche est perdue. Les fleurs seront enlevées une-à-une ce qui peut s’avérer un travail fastidieux. Si le temps manque, seuls les fruits seront enlevés au fur et à mesure de leur formation. Sur un buis très mature on peut effectuer une taille précoce en rabattant à deux feuilles lorsque les rameaux ont 3 cm (soit 6 à 7 feuilles). Les entre-nœuds resteront courts et les feuilles seront plus petites. On en profitera pour supprimer les vieilles feuilles de trois ans qui seront devenues jaunes. L’air et la lumière atteindront ainsi l’intérieur de l’arbre.

Sur des buis qui doivent prendre des forces, la taille sera effectuée quand la nouvelle pousse sera pratiquement de la couleur des vieilles feuilles (juin, juillet, août). Une taille tardive permettra à l’arbre d’emmagasiner plus de réserves. Le bourgeonnement d’automne est très aléatoire sauf s’il suit une mise en forme et une taille effectuée fin août. Dans ce cas, la pousse d’automne peut se comparer à celle du printemps.

La technique de pliage des branches

Le bois du buis est très dense, dur, et cassant. Plus encore qu’avec toute autre espèce, la qualité du travail de ligature est très importante. Il faut veiller à effectuer les pliages sous une spire et non entre deux tours, sinon c’est la casse assurée.

Quelques précautions doivent être prises lors du pliage des branches de plus de 6mm. Celles qui font jusqu'à 1,5 cm de diamètre sont protégées par du raphia enroulé autour de la partie à plier puis une armature longitudinale sur le coté extérieur du futur pliage est posée. Puis l’armature est fixée à nouveau par du raphia enroulé tout autour. Enfin, une ligature à 45° vient au dessus. Elle va maintenir le tout bien serré.

Pour des branches plus épaisses (de 1.5 à 3 cm), il faudra retirer du bois pour diminuer leur raideur et procéder comme pour les branches précédentes.

Une branche épaisse partiellement évidée, armaturée, pour effectuer u npliage important

Esthétique

L’espèce n’ayant pas de port typique, le buis va se prêter à tous styles et toutes formes.
Les troncs trapus pourront avoir l’apparence des pins. On s’inspirera des genévriers pour des troncs tordus avec des shari et des jin. L’élégance du lettré ira à merveille à de fins et hauts sujets. Ses petites feuilles vont permettre de travailler des arbres de toutes tailles, du mame au plus grand bonsaï.

Maladies et traitements

Les feuilles coriaces du buis seront difficilement attaquées par des insectes piqueurs. Même les grosses cochenilles à carapace blanche n’ont pas l’air de l’incommoder et ne justifient pas un traitement chimique. Elles seront tout de même enlevées manuellement.

En cas de forte attaque, une huile minérale associée à un insecticide peut en venir à bout. Le buis est parfois attaqué par la psylle et voit ses feuilles se recourber. On taillera les rameaux atteints car un traitement ne permet pas d’atteindre le parasite bien à l’abri à l’intérieur des feuilles.

Calendrier de travail


Janvier

Protéger les pots des gels importants. Le bois mort peut être travaillé.

Février

Prélèvement. Reprise sous serre froide avec engrais organique. Mise en forme des arbres prélevés l’année précédente.

Mars

Début du bourgeonnement en situation ensoleillée. Si la pousse est vigoureuse, arrosage avec un engrais chimique riche en azote.

Avril

Sur les souches, sélectionner les branches. Supprimer les autres ainsi que les gourmands au fur et à mesure qu’ils apparaissent.

Mai
Surveiller l’arrosage. Renouveler si nécessaire l’engrais organique. Sur les souches, la pousse va continuer à pousser et se ramifier.

Juin

La pousse de l’année aura pratiquement la même couleur que le reste du feuillage. Exposition à mi-ombre. L’arbre peut être taillé.

Juillet

Surveiller l’arrosage. Si les températures sont hautes, placer l’arbre totalement à l’ombre.

Août

Mêmes recommandations que pour juillet. Les mises en forme sont possibles en fin de mois.

Septembre

Mises en forme en début de mois.

Octobre

L’arbre ne doit pas être protégé des premières gelées afin qu’il puisse acquérir plus de rusticité.

Novembre

Mêmes recommandations qu’en octobre.

Décembre

Si les arbres sont placés sur des présentoirs, les transférer au sol et recouvrir les pots de feuilles.


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