bonjour à tous, voilà le texte par écrit sinon si vous avez un casque c'est parfait pour l'audio.
Interview Bruno FAURE (VITAL BONSAI) – Olivier BARREAU (ARTISAN BONSAI) – Eté 2016
Bruno FAURE : on a fait le tour de ta pépinière. Là, on vient de faire celui de ton jardin.
Olivier BARREAU : oui…
BF : il faudrait que tu me racontes ton parcours. Comment tu as atterri là-dedans ?
OB : Dans le bonsaï. J’ai commencé en club, club de Castres avec François Gau, second club Toulouse avec Gaby Becker. Ensuite, j’ai connu Michel « Fujisan » d’Aix en Provence (Fuveau) où j’ai fait l’école avec Salvatore Liporace. C’était dans les années 2002-2003, au cours de 3 années : 3 sessions d’une semaine. Ensuite, Salvatore m’a proposé d’aller travailler chez lui à Milan. J’ai donc passé 13 mois sur 4 années au Studio Botanico. J’ai travaillé à ses côtés, immergé dans le bonsaï 24 heures sur 24… Même la nuit c’était le bonsaï !
BF : Comme je disais tout à l’heure, on a fait le tour de ta pépinière, donc Olivier Barreau, pour ceux qui ne le connaissent pas, c’est Artisan Bonsaï. Quand tu t’appelles Artisan Bonsaï, c’est vraiment parce que les arbres que tu vends c’est des arbres qui ont au moins 3-4 ans de prélèvement et qui ont été rempotés ?
OB : Oui c’est ça. Je tends vers ça. Après, évidemment, on peut acquérir un arbre un peu moins cher dans des gros pots. Mais voilà j’essaye de vraiment en France de faire comprendre de travailler les arbres au niveau du feuillage une fois que le racinaire est rempoté et qu’on a coupé les grosses racines et donc il n’y a plus de risque pour le futur pot bonsaï. Ce n’est pas du temps de perdu d’attendre 2-3 ans et de travailler sur un arbre qui est rempoté qui n’a plus de terre ou de motte d’origine ou de substrat d’origine.
BF : Ce que tu veux dire, la personne qui va acheter un arbre chez toi, en gros il l’achète et il peut le travailler si la saison va bien, il peut le travailler aussitôt.
OB : Exactement.
BF : Ce qui justifie largement le prix puisque c’est toi qui prends le risque du premier rempotage.
OB : Oui. C’est-à-dire que j’enlève et je mets quasiment les racines à nu sur les pins sylvestre, puisque j’ai beaucoup de pins sylvestre. J’enlève toute la motte d’origine donc le risque je le prends, je coupe les grosses racines qui vont gêner pour le futur pot bonsaï et donc oui voilà quelque part il y a un travail qui est fait et un risque enlevé.
BF : Moi, ce que j’aimerais savoir, puisqu’on a tous été débutants, pour arriver au niveau où tu en es, quand tu es débutant, tu as certainement dû rencontrer des difficultés. Il y a des choses qui paraissent insurmontables pour les débutants. Comment tu es passé de cette étape puisque j’imagine que tu as acheté les premiers bonsaï en jardinerie comme tout le monde et comment tu es passé de ça, comment tu as dépassé les principaux problèmes quand on débute ? Est-ce que tu comprends la question ?
OB : Oui. C’est une très bonne question. Finalement, si je regarde mon parcours, où j’en suis aujourd’hui, je l’ai fait petit à petit mais c’est un investissement, un investissement de tous les jours. Je passe tous les jours les voir, à essayer de comprendre, essayer de comprendre et ne pas dire ça n’a pas marché… zut ça n’a pas marché.
BF : Pourquoi ?
OB : Il faut aller chercher le pourquoi et c’est d’une manière intuitive que l’on va sentir, peut-être un jour on va déplacer un arbre un peu plus au soleil ou un peu plus à l’ombre mais ça je ne peux pas l’expliquer, c’est du ressenti, c’est parce que on connait notre arbre et on le sent qu’il a besoin de cette chose-là à ce moment-là. Donc, comment j’en suis arrivé là ? Franchement, c’est petit à petit, en me donnant les moyens, j’ai acheté quelques arbres, mais comme je n’avais pas beaucoup de sous, j’ai commencé à chercher des amis pour aller prélever, pour essayer… Il ne faut pas croire que tout ce que l’on voit là ça date d’hier, c’est sur des années avec toujours la passion. L’engouement de l’arbre pour moi je crois en l’arbre et j’y crois fortement, je crois à la force des arbres à la capacité qu’ils ont à vivre. L’esthétique est une chose, la capacité d’un arbre à surmonter les mises en forme, les rempotages… Si l’arbre est prêt, il est capable de surmonter, j’ai foi en l’arbre.
BF : D’où l’importance de la…, moi aussi c’est mon bâton de pèlerin, la culture.
OB : Oui, tout à fait.
BF : Il faut savoir cultiver ses arbres. Bon, on va continuer à faire un tour et puis…
OB : Une petite chose à rajouter, le côté artisan, tu vois, c’est l’idée, de quelque chose d’artisanal. C’est-à-dire un artisan c’est quoi ? Quelqu’un qui fabrique quelque chose de ses mains et c’est vraiment l’esprit que je voulais donner à mon nom et à ma qualité de travail. C’est artisanal. On va prélever un arbre, on va le chercher, on va le sortir, le faire reprendre, on va l’élever, culture, soins, on va rempoter, ensuite on va le former, on va faire les bois morts. C’est vraiment quelque chose qui nait des mains.
BF : Artisan, moi je vais aller plus loin : c’est presque un boulot d’agriculteur, presque le boulot d’un paysan.
OB : On a les mains dans la terre, dans les arbres, on coupe, on plie, on tord, c’est du végétal. Et encore une fois, la vie d’un arbre c’est quelque chose d’extraordinaire et ils ont beaucoup à nous apprendre.
BF : Oui, de par leur âge, on a beaucoup d’humilité à apprendre sur eux. Je te remercie de cette visite.
OB : Avec plaisir et puis à la prochaine, quand vous voulez.