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Techniques avancées de formation du hêtre

Texte et photos (sauf mention contraire) Harry Harrington www.bonsai4me.com
Traduit de l’anglais par Patrick Bosc avec l’aimable autorisation de Harry Harrington.

Le travail spécifique du hêtre. Les principes généraux

Le hêtre européen (Fagus sylvatica) est très répandu en Grande Bretagne et tolère les sols argileux comme les terrains crayeux. J'ai passé mon enfance dans les collines de Chilterns près de Londres, et les grands hêtres majestueux sont une image qui reste gravée dans ma mémoire.

"Ce ne sont pas des arbres faciles"

Comme beaucoup d'autres espèces autochtones, les jeunes hêtres sont souvent prélevés pour les former en bonsaï. Hélas, ce ne sont pas des arbres faciles. Les troncs mettent beau coup de temps à s'épaissir, le bourgeonnement arrière est délicat et aléatoire, et la création de la ramification prend beaucoup de temps. Beaucoup de hêtres bonsaï ne font qu'une seule pousse par an, en mai. Seuls les arbres en pleine terre et les hêtres bonsaï très vigoureux peuvent avoir une seconde pousse en juillet.

Cette lenteur de pousse accompagnée en général d'une absence de bourgeonnement arrière peut conduire à avoir des bonsaï avec de longues branches primaires portant seulement une ramification en bouts de branches.

Ces arbres doivent être reconstruits à partir du centre de la ramure vers l'extérieur.

Il est très important de savoir que si le fut d'un hêtre est coupé drastiquement, il produira des bourgeons à même le tronc. Mais il faut toujours garder au moins un bourgeon visible lorsqu'on rabat les branches sinon, d'importants retraits de sève peuvent se produire, lesquels peuvent éventuellement faire mourir toute la branche.

“Il faut considérer que les bonsaï de hêtre ont une surface totale de feuillage pré-déterminée chaque année”

L'objectif de cet article est de s'affranchir de la pousse lente et du manque de vigueur du bourgeonnement arrière, grâce à des techniques spécifiques de taille et de défoliation.

Il faut considérer que les bonsaï de hêtre ont chaque année. Cela signifie que lorsque l'arbre a atteint cette limite et produit une certaine surface de feuillage au printemps, il cesse de pousser pour tout le reste de l'année.

En pratiquant le pincement des nouvelles pousses au moment où elles s'allongent, et en défoliant les feuilles avant qu'elles soient matures, l'arbre est forcé à remplacer la surface perdue en produisant de nouveaux bourgeons et rameaux dans les zones internes de la ramure.

Le pincement

Lorsque les rameaux s'allongent au printemps, pincez-les à 2 feuilles. Les rameaux faibles et de l'intérieur de la ramure peuvent être pincés à 3 ou 4 feuilles si nécessaire ou même laissés libres si on désire qu'ils s'allongent.

Ce pincement va provoquer une seconde pousse dans les semaines suivantes et stimule les bourgeons arrière qui sans cela seraient restés dormants.

Les bourgeons du hêtre ne s'ouvrent pas tous au même moment (voir photos). Les plus forts s'ouvrent en premier, suivis des plus faibles. C'est pourquoi il faut pratiquer des pincements étalés sur une quinzaine de jours.

En pinçant à 2 ou 3 feuilles, on s'assure que tous les bourgeons arrière vont se développer et n'avorteront pas. Un avantage majeur du pincement du hêtre est qu'il réduit à la fois la taille des feuilles et la longueur des entre-noeuds. Cet aspect est particulièrement important pour canaliser l'énergie des bonsaï vigoureux qui sans cela produiraient une pousse très grossière.

Pousse de hêtre début mai, 3 jours après le débourrement. C’est le moment idéal pour pratiquer le pincement.
Comme on le voit sur cette image, les rameaux ne débourrent pas tous au même moment.
Les bourgeons forts (A) doivent être pincés plus fortement que les bourgeons faibles (B) afin de renforcer ces derniers. Si on ne pince pas les plus forts, les bourgeons faibles (C) avorteront ou ne feront qu’une feuille.

La défoliation

Les hêtres peuvent produire des ramures si denses que les branches internes privées de lumière peuvent mourir. Les nouveaux rameaux issus des bourgeons internes avorteront pour les mêmes raisons.

Lorsque les nouvelles feuilles deviennent matures et prennent une couleur vert foncé, elles commencent à faire de l'ombre sur l'intérieur des branches à tel point que seuls les bourgeons situés aux extrémités des branches auront accès à la lumière et se développeront.

En permettant à la lumière de parvenir jusqu'au centre de la ramure, on va aider à renforcer ces branches et ces bourgeons, mais il peut arriver que le hêtre réagisse mal à une défoliation totale. Cependant, il réagit très bien à une défoliation partielle.

Commencez à retirer partiellement les plus grosses feuilles situées aux extrémités des branches. Cela permet à la lumière de parvenir au centre de l'arbre et de renforcer les branches et les bourgeons internes.

Les feuilles de la pousse printanière sont devenues matures début juin.
Le même rameau après la défoliation partielle des rameaux internes. Lorsqu’on coupe une feuille le bourgeon correspondant va s’activer. Tous les bourgeons qui portent une feuille resteront dormants.
Virtuel de la pousse qui sera produite (les feuilles ne sont pas représentées).

Ensuite, retirez toujours les feuilles du centre de l'arbre en gardant celles qui restent aux extrémités. Cela va stimuler les bourgeons défoliés au détriment de ceux qui ont gardé une feuille qui vont rester dormants. Sur le hêtre, c'est la première technique qui permet le bourgeonnement arrière, ainsi que de redonner vigueur aux branches internes et faibles.

La défoliation partielle va provoquer une deuxième pousse chez le hêtre. les nouveaux bourgeons qui vont en résulter peuvent à leur tour être pincés si nécessaire, comme je l'ai décrit plus haut.

D'autres défoliations partielles peuvent être pratiqués en mai et juin si l'arbre est vigoureux, afin de provoquer plusieurs pousses successives. Néanmoins, il est recommandé dans ce cas de fertiliser abondamment et de laisser l'arbre tranquille à partir de juillet.

Hêtre avant et après la défoliation. (photo P. Bosc)


La taille d'hiver

En hiver ou au début du printemps, les hêtres peuvent être rabattus pour tirer parti du bourgeonnement arrière produit pendant l'année écoulée.


Cette image montre une branche produite en utilisant les techniques de pincement et de défoliation durant l'année écoulée (Les feuilles marcescentes qui restent normalement sur le hêtre tout l'hiver ont été retirées pour plus de clarté sur la photo).

Cette nouvelle pousse peut être rabattue durant la période hivernale de dormance afin de créer du mouvement et de la conicité dans les branches. Cela suppose aussi que les bourgeons les plus forts qui donneront beaucoup de feuilles lors de la saison suivante sont désormais situés beaucoup plus près du tronc.

La taille à cette période peut être aussi drastique qu'on le juge nécessaire. Les branches peuvent être très sévèrement rabattues dès l'instant où on prend soin de conserver au moins un bourgeon qui assure que la branche ne fera aucun retrait de sève.


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